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que l’autre. Les deux sœurs parlaient français ; ce fut une grande ressource pour l’Empereur, et fort utile. Cette famille était aux petits soins pour lui et enchantée de la simplicité de ses manières et de sa bonté.

Je retournai au pavillon. On dîna aux lumières ; il y avait le général Bertrand, le général Gourgaud et mon mari. L’Empereur, pendant le dîner, parla beaucoup de Longwood dont on poussait les travaux, de la manière dont nous y passerions le temps. Il fut aimable et je trouvai sa conversation remplie de grâce. Au dessert, il nous fit la lecture d’une tragédie ; il me demanda celle qu’il me plaisait le plus d’entendre et finit par choisir Zaïre. Il ne lisait pas d’une manière remarquable, mais sa lecture l’intéressait ; il s’arrêtait sur ce qui lui paraissait faux ou juste ; il motivait son avis avec le sentiment du vrai et du beau. Je l’écoutais attentivement et sa conversation me charmait. On a beaucoup dit qu’il n’avait pas le goût de la littérature : il l’avait au contraire extrêmement ; mais, pendant son règne, d’autres intérêts lui ôtaient le temps de s’en occuper.

Il était tard lorsque je quittai les Briars,