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d’augmenter dans la sécheresse. Dans les moments où elle a le plus de volume, elle est toujours enveloppée par la vase qu’elle détache, ce qui nuit à son effet. Un jardin cultivé au milieu de ce site sévère formait un contraste bizarre et agréable ; c’était la civilisation au désert.

La famille des Briars se composait de M.  et de Mme Balcomb et de leurs deux filles. M. Balcomb ne parlait qu’anglais. On disait que les liens du sang l’attachaient à la famille royale d’Angleterre. Le fait est qu’il a toujours été protégé par le Gouvernement, qui lui a donné des places lucratives ; mais il n’a jamais su faire fortune. Mme Balcomb était une excellente femme, de bonnes manières ; elle ne savait guère plus de français que son mari ; on voyait que sa santé était usée par le climat. Jane, l’aînée des filles, avait seize ans ; la seconde, Betzy[1], n’en avait que quatorze et en paraissait dix-huit : petite, assez jolie, blonde,

  1. Betzy Balcomb (mistress Abell) a laissé des Souvenirs fort intéressants sur le séjour de l’Empereur aux Briars. Une nouvelle traduction vient d’en être publiée par MM. Grasilier et Le Gras (Plon, in-18, 1898).