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avant notre arrivée, on saura que, depuis deux mois, on ne trouvait pas une épingle à acheter ; les dames étaient obligées de coudre leurs robes pour en remplacer l’usage.

L’amiral nous donna quelques dîners fort bien servis. Il avait mis grand soin et grande activité à envoyer à Benguéla, sur la côte d’Afrique, au Brésil et au Cap, pour en ramener des bœufs, de la farine et toutes sortes d’approvisionnements. L’île n’offre de ressource qu’en volailles, que l’on y élève pour fournir les vaisseaux lors du passage annuel de la flotte des Indes et de la Chine. On avait apporté beaucoup de tout ce qui se conserve en épiceries anglaises ; enfin, on pouvait s’en tirer avec de bons cuisiniers. Pour nous, Mme Portions, qui avait la direction de notre table, nous faisait faire pauvre chère.

On comprend la peine que donnait la fourniture des vivres nécessaires pour la table de l’Empereur et la nôtre, et l’accroissement qui se trouvait dans la consommation par notre arrivée, équipages des vaisseaux, troupes de terre, en ce pays où l’on ne tue un bœuf que par l’ordre du gouverneur.