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le général Montholon. Il vit alors que celui-ci se laissait battre volontairement par l’Empereur, ce dont les officiers anglais s’étaient déjà aperçus ; il s’en amusaient beaucoup, disant que c’était un véritable trait de courtisan.

Plus tard (le docteur Warden en parle dans ses Lettres, au Supplément, page 21), le général Gourgaud dit à l’Empereur qu’avec lui M. de Montholon ne jouait pas tout son jeu ; l’Empereur ne le crut pas. Ce ne fut que des années après qu’il se rendit compte que M. de Montholon était en effet plus fort que lui et ils n’en jouaient pas moins ensemble chaque jour. Il n’était pas facile de jouer avec l’Empereur ; il forçait à faire marcher les pions très vite et s’amusait quelquefois à commencer les parties sans règle ; par suite de cette manière, il se trouvait souvent lui-même embarrassé pour sortir d’affaires ; mais, au moment où l’on devait croire qu’il perdait la partie, une ressource imprévue, qu’il découvrait dans son jeu, lui donnait souvent l’avantage.

J’ai déjà dit qu’il déjeunait chez lui, seul ; pendant la matinée, il causait avec ses officiers l’un après l’autre.