Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée
67
DES DEVOIRS.

désirs et occuper toutes nos pensées : il en est encore l’objet particulier dans le sens que nous lui devons un culte. « Ceux qui ont dit, ajoute l’auteur qu’une fatalité aveugle a produit tous les effets que nous voyons dans le monde, ont dit une grande absurdité ; car quelle plus grande absurdité qu’une fatalité aveugle qui produit des êtres qui ne le sont pas[1] ?

« Si Dieu est plus puissant que nous, il faut le craindre ; s’il est un Être bienfaisant, il faut l’aimer ; et comme il ne s’est pas rendu visible, l’aimer c’est le servir avec cette satisfaction intérieure que l’on sent lorsque l’on donne à quelqu’un des marques de sa reconnoissance. Enfin, continue l’auteur nos devoirs envers Dieu sont d’autant plus indispensables qu’ils ne sont pas réciproques, comme ceux que les hommes se rendent, car nous devons tout à Dieu et Dieu ne nous doit rien. »

Le chapitre iii traite de nos Devoirs envers les hommes. Ces devoirs sont de deux espèces, selon l’auteur. Ceux qui se rapportent plus aux autres hommes qu’à nous, et ceux qui se rapportent plus à nous qu’aux autres hommes. Il met parmi les devoirs de la première espèce tous ceux qui tirent leur origine de la Justice.

L’auteur dans les chapitres iv et v, fait voir que la Justice n’est pas dépendante des lois humaines, qu’elle est fondée sur l’existence et la sociabilité des êtres raisonnables, et non pas sur des dispositions ou volontés particulières de ces êtres.

Cette question conduit l’auteur à la réfutation des principes d’Hobbes sur la Morale. Il parcourt ensuite les principales sectes de philosophie qui ont voulu former ou régler l’homme, et il préfère à toutes celle des stoïciens. « Si je pouvois un moment, dit l’auteur, cesser de penser que je suis chrétien, je ne pourrois m’empêcher de mettre la destruction de la secte de Zénon au nombre des malheurs du genre humain ; elle n’outroit que les choses dans lesquelles il n’y a que de la grandeur : le mépris des plaisirs et de la douleur. »

Après plusieurs traits vifs sur les grands hommes qui ont suivi la secte de Zénon, l’auteur finit en disant que « les Stoïciens, nés pour la société, croyoient tous que leur destin étoit de tra-

  1. Reproduit dans l’Esprit des Lois, livre 1, chapitre i.