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DISCOURS

à leurs intérêts, n’ont regardé que les vertus et les agréments que le ciel a répandus sur elle. Le jeune monarque s’est incliné sur son cœur ; la vertu nous est garante pour l’avenir de ce tendre amour que les charmes et les grâces ont fait naître.

Soyez, grand roi, le plus heureux des rois. Nous, qui vous aimons, bénissons le ciel de ce qu’il a commencé le bonheur de la monarchie par celui de la famille royale. Quelque grande que soit la félicité dont vous jouissez, vous n’avez rien que ce que vos peuples ont mille fois désiré pour vous : nous implorions tous les jours le ciel ; il nous a tout accordé ; mais nous l’implorons encore. Puisse votre jeunesse être citée à tous les rois qui viendront après vous ! Puissiez-vous, dans un âge plus mûr, n’y trouver rien à reprendre, et, dans les grands engagements où vous entrez, toujours bien sentir ce que doit à l’univers le premier des mortels ! Puissiez-vous toujours cultiver, dans la paix, des vertus qui ne sont pas moins royales que les vertus militaires, et n’oublier jamais que le ciel, en vous faisant naître, a déjà fait toute votre grandeur, et que, comme l’immense océan, vous n’avez rien à acquérir ?

Que le prince en qui vous avez mis votre principale confiance[1] qui ne trouve votre gloire que là où il voit votre justice, ce prince inflexible comme les lois mêmes, qui décerne toujours ce qu’il a résolu une fois, ce prince qui aime les règles et ne connoît pas les exceptions ; qui se suit toujours lui-même, qui voit la fin comme le commencement des projets, et qui sait réduire les courtisans aux demandes justes, distinguer leurs services de leurs assidui-

  1. Le duc de Bourbon.