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DISCOURS

PRONONCÉ A LA RENTRÉE DU PARLEMENT

DE BORDEAUX.


1725
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Que celui d’entre nous qui aura rendu les lois esclaves de l’iniquité de ses jugements périsse sur l’heure ! Qu’il trouve en tout lieu la présence d’un Dieu vengeur, et les puissances célestes irritées ! Qu’un feu sorte de dessous terre et dévore sa maison ! Que sa postérité soit à jamais humiliée ! Qu’il cherche son pain et ne le trouve pas ! Qu’il soit un exemple affreux de la justice du ciel, comme il en a été un de l’injustice de la terre !

C’est à peu près ainsi, messieurs, que parloit un grand empereur ; et ces paroles si tristes, si terribles, sont pour vous pleines de consolation. Vous pouvez tous dire en ce moment à ce peuple assemblé, avec la confiance d’un juge d’Israël : Si j’ai commis quelque injustice, si j’ai opprimé quelqu'un de vous, si j’ai reçu des présents de quelqu’un d’entre vous, qu’il élève la voix, qu’il parle contre moi aux yeux du Seigneur : Loquimi de me coram domino, et contemnam illud hodie[1].

Je ne parlerai donc point de ces grandes corruptions

  1. Lib.. Reb., I, xii, 3.