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SUR L'HISTOIRE NATURELLE.

beaucoup à son exactitude. On jugera sans doute qu’elles ne sont pas considérables ; mais on est assez heureux pour ne les estimer précisément que ce qu’elles valent.

C’est le fruit de l’oisiveté de la campagne. Ceci de voit mourir dans le même lieu qui l’a fait naître ; mais ceux qui vivent dans une société ont des devoirs à remplir ; nous devons compte à la nôtre de nos moindres amusements. Il ne faut point chercher la réputation par ces sortes d’ouvrages, ils ne l’obtiennent ni ne la méritent ; on profite des observations, mais on ne connoît pas l’observateur : aussi de tous ceux qui sont utiles aux hommes, ce sont peut-être les seuls envers lesquels on peut être ingrat sans injustice.

Il ne faut pas avoir beaucoup d’esprit pour avoir vu le Panthéon, le Colisée, des pyramides ; il n’en faut pas davantage pour voir un ciron dans le microscope, ou une étoile par le moyen des grandes lunettes ; et c’est en cela que la physique est si admirable : grands génies, esprits étroits, gens médiocres, tout y joue son personnage : celui qui ne saura pas faire un système comme Newton, fera une observation avec laquelle il mettra à la torture ce grand philosophe ; cependant Newton sera toujours Newton, c’est-à-dire le successeur de Descartes, et l’autre un homme commun, un vil artiste, qui a vu une fois, et n’a peut-être jamais pensé.


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