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OBSERVATIONS

une miette de pain ou un morceau de livre moisi, dans le microscope, lesquelles je ne soupçonne pas être venues de graines[1].

Nous osons dire, quoiqu’on ait extrêmement éclairci dans ce siècle cette partie de la physique qui concerne la végétation des plantes, qu’elle est encore couverte de difficultés. Il est vrai que, quand nos modernes nous disent que toutes les plantes qui ont été et qui naîtront à jamais étoient contenues dans les premières graines, ils ont là une idée belle, grande, simple et bien digne de la majesté de la nature. Il est vrai encore qu’on est porté à croire cette opinion par la facilité qu’elle donne à expliquer l’organisation et la végétation des plantes : elle est fondée sur une raison de commodité ; et, chez bien des gens, cette raison supplée à toutes les autres.

Les partisans de ce sentiment avoient espéré que les microscopes leur feroient voir dans les graines la forme de la plante qui en devoit naître ; mais jusqu’ici leurs recherches ont été vaines. Quoique nous ne soyons pas prévenus de cette opinion, nous avons cependant tenté, comme les autres, de découvrir cette ressemblance, mais avec aussi peu de succès.

Pour pouvoir dire avec raison que tous les arbres qui dévoient être produits à l’infini étoient contenus dans la première graine de chaque espèce que Dieu créa, il nous semble qu’il faudroit auparavant prouver que tous las arbres naissent de graines.

Si l’on met dans la terre un bâton vert, il poussera des racines et des branches, et deviendra un arbre parfait ; il

  1. Ce que Montesquieu dit sur les mousses est hypothétique. (Valmont de Bomare.)