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DISCOURS

elle est enfermée, elle ne cesse de faire effort pour se répandre dans les espaces intérieurs occupés par une matière étrangère, comme la terre et les planètes. Si une planète venoit à être anéantie, la matière qui l’environne se répandroit dans ce nouvel espace ; elle fait donc effort pour se dilater de la circonférence au centre, et, par conséquent, doit en ce sens pousser les corps durs qu’elle rencontre.

Le grand défaut de cet ouvrage est que les choses y sont traitées très-superficiellement. On n’y trouve point cette force de génie qui saisit tout un sujet, ni, si j’ose me servir de cette expression, cette perspicacité géométrique qui le pénètre : on y voit au contraire quelque chose de lâche, et, si j’ose le dire, d’efféminé ; ce sont de jolis traits, mais ce n’est pas cette grave majesté de la nature.

Nous arrivons à la dissertation qui a remporté le prix. Elle a obtenu les suffrages, non pas par la nouveauté du système, mais par le nouveau degré de probabilité qu’elle y ajoute ; par la solidité des raisonnements, par les objections, par les réponses de l’auteur à MM. Saurin et Huygens, enfin par tout l’ensemble qui fait un système complet. L’auteur[1], maître de sa matière, en a connu le fort et le foible, et a été en état de profiter des lumières des grands génies de notre siècle. La lecture qu’on en va faire nous dispense d’en dire davantage.

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  1. M. Bouillet, médecin à Béziers. (1690-1777.)

    La Dissertation sur la pesanteur, etc., a été publiée à Bordeaux, chez R. Brun, 1720, in-12. (Ravenel.)