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LETTRES FAMILIÈRES.


de chambre et au lever de son lit. J’ai reçu d’Angleterre la réponse pour le vin que vous m’avez fait envoyer à milord Eliban ; il a été trouvé extrêmement bon. On me demande une commission pour quinze tonneaux, ce qui fera que je serai en état de finir ma maison rustique. Le succès que mon livre a eu dans ce pays-là contribue, à ce qu’il paroît, au succès de mon vin. Mon fils ne manquera pas d’exécuter votre commission. A l’égard de l’homme en question, il multiplie avec moi ses torts, à mesure qu’il les reconnoît ; il s’aigrit tous les jours, et moi je deviens sur son sujet plus tranquille : il est mort pour moi. M. le doyen, qui est dans ma chambre, vous fait mille compliments, et vous êtes un des chanoines du monde qu’il honore le plus : lui, moi, ma femme et mes enfants, vous regardons et chérissons tous comme de notre famille. Je serai bien charmé de faire connoissance avec M. le comte de Sartirane [1] quand je serai à Paris : c’est à vous à lui donner une bonne opinion de moi. Je vous prie de faire bien des compliments à tous ceux de mes amis que vous verrez ; mais si vous allez à Montigny [2], c’est là qu’il faut une effusion de mon cœur. Vous autres Italiens êtes pathétiques : employez-y tous les dons que la nature vous à donnés ; faites-en aussi surtout usage auprès de la duchesse d'Aiguillon et de Madame Dupré de Saint-Maur ; dites surtout à celle-ci combien je lui suis attaché [3]. Je suis de

    teau n’est effectivement pas fort agréable, par la nature de sa construction ; mais M. de Montesquieu en a fort embelli les dehors par les plantatioin qu’il y a faites (G.)

  1. Ambassadeur de Sardaigne à Paris, homme de beaucoup d'esprit, plus véridique qu’on ne souhaite dans les sociétés. (G.)
  2. Chez les Trudaine.
  3. Il disoit d’elle, qu’elle étoit également bonne à en faire sa maitresse, sa femme, ou son amie. (G.)