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LETTRES FAMILIÈRES.


année ; et j’espère que notre province se relèvera un peu de ses malheurs ; je plains bien les pauvres Flamands, qui ne mangeront plus que des huîtres, et point de beurre.

Je crois que le système a changé à l’égard des places de la Barrière, et que l’Angleterre a senti qu’elles ne pouvoient servir qu’à déterminer les Hollandois à se tenir en paix, pendant que les autres seront en guerre. Les Anglois pensent aussi que les Pays-Bas sont plus forts, en y ajoutant douze cent mille florins [1] de revenu, qu’ils ne le seroient par les garnisons des Hollandois, qui les défendent si mal ; de plus, la reine de Hongrie [2] a éprouvé qu’on ne lui donnoit la paix en Flandre que pour porter la guerre ailleurs. Je ne serois pas étonné non plus que le système de l’équilibre et des alliances changeât à la première occasion. Il y a bien des raisons de ceci ; nous en parlerons à notre aise au mois de septembre ou d’octobre. J’ai reçu une belle lettre de l’abbé Venuti, qui, après m’avoir gardé un silence continuel pendant deux ans sans raison, l’a rompu aussi sans raison.


De la Brède, ce 27 juin 1752.

    ami, car le vin étoit son principal revenu, et ils avoient beaucoup travaillé ensemble à l'amélioration des vignes. (GUASCO).

  1. Subside que la cour de Vienne s’étoit engagée de payer aux Hollandois, pour les garnisons des places de la Barrière. (G.)
  2. Marie-Thérèse.
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