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LETTRES FAMILIÈRES.



LETTRE CXX.


A M. L’ABBÉ COMTE DE GUASCO,


A BRUXELLES.


Vous êtes admirable, mon cher Comte ; vous réunissez trois amis qui ne se sont vus depuis plusieurs années, séparés par des mers ; et vous ouvrez un commerce entre eux. M. Mitchel [1] et moi ne nous étions point perdus de vue ; mais M. d’Ayrolles, que j’ai eu l’honneur de voir à Hanovre, m’avoit entièrement oublié. Je n’ai plus de vin de l’année passée ; mais je garderai un tonneau de cette année pour l’un et pour l’autre. Je vous ai déjà mandé que je comptois être à Paris au mois de septembre ; et comme vous devez y être en même temps, je vous porterai la réponse du négociant à l’abbé de la Porte, qui m’a critiqué sans m’entendre. Ce n’est pas un négociant soi-disant, comme vous croyez, c’en est un bien réel et un jeune homme de notre ville [2], qui est l’auteur de cet écrit.

Je vous dirai, mon cher Abbé, que j’ai reçu des commissions considérables d’Angleterre pour du vin [3] de cette

  1. Alors commissaire d’Angleterre pour les affaires de la barrière à Bruxelles, et ensuite ministre plénipotentiaire : Berlin ; homme de beaucoup d’esprit et d’un caractère fort aimable. M. Ayrolles étoit ministre de la même cour à Bruxelles. (GUASCO.)
  2. M. Risteau, alors négociant, plus tard un des directeurs de la Compagnie des Indes. Montesquieu faisait très grand cas de cette réponse, mais il n’y eut aucune part. Il avouait, même qu’il eût été fort embarrassé de répondre à certaines objections que son jeune défenseur avait réfutées de manière à ne laisser aucun lieu à la réplique.
  3. Il ne faut pas être surpris que l’auteur parle souvent de son vin à cet