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DISCOURS

quant aux autres, je laisserai à ceux qui me font l’honneur de m’entendre le plaisir de les trouver eux-mêmes.

Il y a dans les capsules une cavité ; mais, bien loin de servir à subtiliser la liqueur, elle est au contraire très-propre à l’épaissir et à en retarder le mouvement. Il y a dans ces cavités un sang noirâtre et épais ; ce n’est donc point de la lymphe ni une liqueur subtilisée. Il y a d’ailleurs de très-grands embarras à faire passer la liqueur du déférent dans la cavité, et de la cavité dans le réfèrent. De dire que cette cavité est une espèce de cœur qui sert à faire fermenter la liqueur, et la fouetter dans le vaisseau réfèrent, cela est avancé sans preuve, et on n’a jamais remarqué de battement dans ces parties plus que dans les reins.

On voit par tout ceci que l’académie n’aura pas la satisfaction de donner son prix cette année, et que ce jour n’est point pour elle aussi solennel qu’elle l’avoit espéré. Par les expériences et les dissections qu’elle a fait faire sous ses yeux, elle a connu la difficulté dans toute son étendue, et elle a appris à ne point s’étonner de voir que son objet n’ait pas été rempli. Le hasard fera peut-être quelque jour ce que tous ses soins n’ont pu faire[1]. Ceux qui font profession de chercher la vérité ne sont pas moins sujets que les autres aux caprices de la fortune : peut-être ce qui a coûté aujourd’hui tant de sueurs inutiles ne tiendra pas contre les premières réflexions d’un auteur plus heureux. Archi-

  1. Les anatomistes ne connoissent pas mieux aujourd’hui que du temps de Montesquieu les usages des glandes rénales ; il faut probablement des recherches plus fréquentes sur les fœtus des divers âges pour en développer la structure. On ne peut remarquer sans admiration que si Montesquieu s’étoit adonné à l’étude de l’anatomie, il auroit fait faire à cette science des progrès aussi sensibles peut-être que ceux qui ont signalé ses pas dans les sciences morales. (Note de M. Portal, médecin, dans les Œuvres posthumes. Paris, 1798.)