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LETTRES FAMILIÈRES.


Du reste, Monsieur, je me félicite de ce que notre Société a un secrétaire tel que vous, et aussi capable d’entrer dans les grandes vues du roi, et dans l’exécution des belles choses qu’il a projetées. Je vous supplie de vouloir bien me conserver l’honneur de votre amitié ; il me semble que la mienne s’augmente pour l’historien de la Pologne.

J’ai l’honneur d’être, Monsieur, avec un attachement respectueux, etc [1].


De Paris, le 4 avril 1751.
  1. Le Lysimaque fut lu dans l’assemblée publique de la Société littéraire le 8 mai 1751. A la même séance, le primat de Lorraine prononça un discours conservé dans les procès-verbaux de la Société, t. I, p. 241, et dans lequel se trouve le passage suivant, qui prouve que Montesquieu n’avait pas que des ennemis dans le clergé français.

    « Plusieurs de ces génies toujours applaudis deviennent aujourd’hui vos confrères. Vos suffrages, qui n’osoient prévenir leur désir se sont hâtés d’y répondre ; on eut presque dit que nous les attendions. Quel homme si peu versé dans les lettres ne connoit M. le Président de Montesquieu ! Le discours que vous venez d’entendre pourroit seul vous faire connaître l’élévation de son âme, la justesse de ses idées, la naïveté, les grâces de sa diction.

    « Mais dans quel siècle, de tous ceux qui nous ont précédés, auroit-on exécuté, auroit-on même conçu l’idée d’un ouvrage pareil à celui de l’Esprit des Lois ? Quelle étendue de connoissances, quelle profondeur de pensées, quelle sagacité de génie n’y découvre-t-on pas ? Tous les temps, tous les climats, toutes les espèces de gouvernement, les religions, les mœurs, les goûts, les passions, tous les ouvrages des hommes y sont discutés ; et la raison seule, mais toujours suivie, j’ai presque dit éclairée par un esprit supérieur et presque aussi vaste que l’univers, y décide de fout ce qui peut faire le bonheur ou le malheur des Empires. »

    Ajoutons, pour être complets, que M. de Secondat, le fils de Montesquieu, écrivit au roi Stanislas le 5 mars 1751 pour demander, lui aussi, à faire partie de la Société littéraire de Nancy, et que le roi eut la bonté de lui répondre le 10 mai de la même année en agréant sa demande.

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