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DISCOURS

d’autres, qu’il se formoit dans ces capsules un suc bilieux qui, étant porté dans le cœur, et se mêlant avec l’acide qui s’y trouve, excite la fermentation, principe du mouvement du cœur.

Voilà ce qu’on avoit pensé sur les glandes rénales, lorsque l’académie publia son programme : le mot fut donné partout, la curiosité fut irritée. Les savants, sortis d’une espèce de léthargie, voulurent tenter encore ; et, prenant tantôt des routes nouvelles, tantôt suivant les anciennes, ils cherchèrent la vérité peut-être avec plus d’ardeur que d’espérance. Plusieurs d’entre eux n’ont eu d’autre mérite que celui d’avoir senti une noble émulation ; d’autres, plus féconds, n’ont pas été plus heureux : mais ces efforts impuissants sont plutôt une preuve de l’obscurité de la matière que de la stérilité de ceux qui l’ont traitée.

Je ne parlerai point de ceux dont les dissertations arrivées trop tard n’ont pu entrer en concours : l’académie, qui leur avoit imposé des lois, qui se les étoit imposées à elle-même, n’a pas cru devoir les violer. Quand ces ouvrages seroient meilleurs, ce ne seroit pas la première fois que la forme, toujours inflexible et sévère, auroit prévalu sur le mérite du fond.

Nous avons trouvé un auteur qui admet deux espèces de bile : l’une grossière, qui se sépare dans le foie ; l’autre plus subtile, qui se sépare dans les reins, avec l’aide du ferment qui coule des capsules par des conduits que nous ignorons, et que nous sommes même menacés d’ignorer toujours. Mais comme l’académie veut être éclaircie et non pas découragée, elle ne s’arrête point à ce système.

Un autre a cru que ces glandes servoient à filtrer cette lymphe épaissie ou cette graisse qui est autour des reins, pour être ensuite versée dans le sang.