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LETTRES FAMILIÈRES.


pour dire mes raisons : tout cela dans l’objet de pouvoir dire à Paris que ce livre est bien pernicieux, puisqu’il a été défendu à Vienne, de se prévaloir de l’autorité d’une aussi grande cour, et de faire usage du respect et de cette espèce de culte que toute l’Europe rend à l’impératrice [1]. Je ne veux point prévenir les réflexions de votre Excellence. Mais peut-être pensera-t-elle qu’un ouvrage dont on a fait dans un an et demi vingt-deux éditions, qui est traduit dans presque toutes les langues, et qui d’ailleurs contient des choses utiles, ne mérite pas d’être proscrit par le gouvernement.


J’ai l’honneur d’être, avec un respect infini, etc.


Paris, le 27 mai 1750.


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LETTRE LXXXVII [2].


AU CARDINAL PASSIONEI [3].


Monseigneur,

Ceux qui m’ont attaqué m’ont fait le plus grand honneur que je puisse recevoir, puisqu’ils m’ont attiré la protection de votre Éminence ; de sorte que je ne sais si leur inimitié est pour moi un trait de la bonne ou de la mau-

  1. Marie-Thérèse.
  2. Communiquée par M. le comte Sclopis.
  3. Le cardinal Passionei (1682-1761), savant antiquaire, un des hommes les plus érudits du siècle dernier. Sur la protection qu’il accorda à Montesquieu, voyez notre Introduction à l’Esprit des Lois, tome III, pages XXXIV et suivantes.