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LETTRES FAMILIÈRES.



LETTRE LXXXI.


AU CHEVALIER D'AYDIES [1].


Mon cher chevalier, que prétendez-vous faire ? Ne voulez-vous point revenir de votre Périgord ? On ne peut aller là que pour manger des truffes. Vous nous laissez ici ; nous vous aimons ; vous êtes un philosophe insupportable.

Je reçois quelquefois des nouvelles de Mme de Mirepoix, qui me dit toujours de vous faire ses compliments. Il y a ici une grande stérilité en fait de nouvelles. Je ne puis vous dire autre chose si ce n’est que les opéras et les comédies [2] de Mme de Pompadour vont commencer, et qu’ainsi M. le duc de Lavallière va être un des premiers hommes de son siècle ; et comme on ne parle ici que de comédies ou de bals [3], Voltaire jouit d’une faveur particulière ; on prétend que le jour qu’il doit donner son Catilina [4], il donnera une Electre ; j’y consens. Les du Châtel sont ici. M. de Forcalquicr se porte en général très-bien. Je vous prie de me conserver toujours votre amitié que j’adore, et d’agréer mon respect infini.


De Paris, ce 24 novembre 1749.
  1. Lettres originales de Montesquieu au chevalier d'Aydie. Paris, an V (août 1797), chez Ch. Pougens.
  2. Œuvres posthumes, « les opéras et comédies ».
  3. Œuvres posthumes, « de comédies et de bals ».
  4. Œuvres posthumes : « On prétend que le jour qu’il doit donner son Catilina, an lieu de donner un Catilina, il donnera une Electre. »