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LETTRES FAMILIÈRES.


ici quelques mois, occupé à rétablir une fortune honnête ; il m’en coûte le plaisir de vous voir, et il me faudroit de grands dédommagement. Je n’en sais point, mon cher chevalier, parce qu’il n’y a rien de comparable au bonheur de vivre avec vous.


Bordeaux, ce 24 février 1749.


Parlez, je vous prie, de moi à tous nos amis.


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LETTRE LXXII.


A M. LE GRAND PRIEUR SOLAR,


AMBASSADE UN DE MALTE A ROME [1].


Monsieur, mon illustre Commandeur, votre lettre a mis la paix dans mon âme, qui étoit barbouillée d’une infinité de petites affaires que j’ai ici. Si j’étois à Rome avec vous, je n’aurois que des plaisirs et des douceurs, et je mettrois même au nombre des douceurs toutes les persécutions que vous me feriez. Je vous assure bien que si le destin me fait entreprendre de nouveaux voyages, j’irai à Rome ; je vous sommerai de votre parole, et je vous demanderai une petite chambre chez vous. Rome antica e moderna m’a toujours enchanté ; et quel plaisir que celui de trouver

  1. Antoine-Maurice Solar, grand prieur de Lombardio, né en 1682, mort en 1762. Après avoir pris une part très active aux négociations avec la France, pour l’accession de l’Espagne au traité de Turin de 1733, poursuivies jusqu’à la conclusion des préliminaires du 3 octobre 1735, le grand prieur Solar fut nommé ambassadeur de Sardaigne près S. M. T. C. (SCLOPIS)