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LETTRES FAMILIÈRES.



LETTRE LXVII [1].


A M. DUCLOS,


DE L’ACADÉMIE FRANÇOISE.


La lettre, monsieur mon illustre confrère, que vous m’avez écrite en réponse au sujet de l’abbé de Guasco [2], est si obligeante, que je ne peux m’empêcher de vous en faire un remerciement. J’ai une grande envie de vous revoir ; mais Helvétius [3] et Saurin [4] vous reverront plus tôt que moi. J’ai pourtant, depuis quelques jours, brisé bien des chaînes qui me retenoient ici. Les soirées de l’hôtel de Brancas reviennent toujours à ma pensée, et ces soupers qui n’en avoient pas le titre, et où nous nous crevions.

Dites, je vous prie, à Mme de Rochefort [5] et à M. et Mme de Forcalquier, d’avoir quelques bontés pour un homme qui les adore. Vous devriez bien me procurer

  1. Publiée dans les Œuvres posthumes de Montesquieu, Paris, 1796.
  2. Montesquieu lui recommandait la candidature de l'abbé à l'Académie des inscriptions.
  3. Claude Helvétius, né à Paris le 26 janvier 1771.
  4. Bernard-Joseph Saurin, célèbre par sa tragédie de Spartacus né à Paris le 5 mai 1706, mort le 7 novembre 1781.
  5. Marie-Thérèse de Brancas, née à Paris le 1er avril 1716, épousa en 1736 le comte de Rochefort. Devenue veuve, elle se remaria en 1782 au duc de Nivernois et mourut le 4 décembre de la même année. Les amateurs de raretés bibliographiques recherchent un petit volume qu'on prétend n'avoir été tiré qu'à cinquante exemplaires et qui a pour titre : Opuscules de divers genres, par Madame la comtesse de Rochefort, depuis duchesse de Nivernois. Paris, Didot ainé, 1784, in-18 de 179 pages. (RAVENEL.) M. de Loménie a publié un intéressant volume sur Mme de Rochefort et ses amis.