Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée
296
LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE LIX.


AU MÊME.


Étant aussi en l’air que vous, mon cher ami, et prêt à partir pour la Lorraine avec madame de Mirepoix, j’adresse ma lettre à M. le Nain. Je ne me suis pas bien expliqué, sans doute, dans ma lettre. Je lui ai dit qu’il y avoit toutes les apparences que vous seriez de l’Académie, et non pas que vous en étiez. Je ne doute pas que l’on ne vous en accorde la place, en vous présentant à Paris, après cette seconde victoire. Je crois vous avoir déjà mandé que j’avois remis votre seconde médaille à M. Dalnet de Bordeaux. Comme M. Dalnet a deux ou trois millions de biens, j’ai cru ne pouvoir pas choisir mieux pour confier votre trésor. Votre lettre m’ayant totalement désorienté, vous voyant des entreprises pour un siècle, et ne sachant d’ailleurs où vous prendre parmi dix ou douze villes que vous me citiez ; voyant de plus que dans les lieux où j’étois obligé de m’adresser pour l’impression, à cause de la guerre, vous ne trouveriez pas vos convenances, je me suis servi d’une occasion [1] que j’ai trouvée sous ma main, et j’ai cru que cela

  1. Ce fut M. Sarasin, résident de Genève, qui s’en retournoit dans son pays, dont l’auteur profita pour envoyer le manuscrit de l'Esprit des Lois au sieur Barillot, imprimeur de cette ville. M. le professeur Vernet fut chargé de présider à l’édition, dans laquelle il se crut permis de changer quelques mots, qu’il ne croyoit pas françois, parce qu’ils n’étoient pas en françois de Genève, ce dont l’auteur fui fort piqué, et il les fit corriger dans l’édition de Paris. (GUASCO.)

    Suivant M.Vian ce ne fut pas Sarasin, mais Mussard, résident de France, qui porta le manuscrit à Jacob Vernet. Voyez la Vie de Montesquieu, p.235.