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LETTRES FAMILIÈRES.


on est aussi fanatique en fait de politique, qu’en fait de religion.

Faites, je vous prie, mes respectueux complimens à M. le premier président Bon [1] : la première chose physique que j'ai vue en ma vie, c’est un écrit sur les araignées, fait par lui. Je l’ai toujours regardé comme un des plus savants personnages de France ; il m’a toujours donné de l’émulation, quand j’ai vu qu’il joignoit tant de connoissances de son métier, avec tant de lumières sur le métier des autres : remerciez-le bien des bontés qu’il me fait l’honneur de me marquer.

J’ai eu aussi l’honneur de connoître M. le Nain [2] à la Rochelle, où j’étois allé voir M. le comte de Matignon. Je vous prie de vouloir bien lui rafraîchir la mémoire de mon respect. On dit ici qu’il a chassé les ennemis de Provence par ses bonnes dispositions économiques, et que nous lui devons l’huile de Provence. Votre lettre-de-change n’est point encore arrivée, niais un avis seulement. Vous voyez bien que vous êtes vif, et que vous avez envoyé M. Jude à perte d’haleine, pour une chose qu’il pouvoit faire avec toute sa gravité. Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur.


De Paris, le 1er mars 1747.
  1. Premier président de la Cour des aides de Montpellier, conseiller d’Etat et de l’Académie des sciences, qui trouva le secret de faire filer des toiles d’araignée, d’en faire des bas, et d’en extraire des gouttes égales à celles d’Angleterre contre l’apoplexie. Il découvrit aussi e moyen de rendre utiles les marrons d’Inde, pour en nourrir des pourceaux et en faire de la poudre ; il avoit un cabinet d’antiquités fort curieux. (G.) Né à Montpellier en 1678, mort à Narbonne en 1761.
  2. Intendant du Languedoc. (G.)