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ACADÉMIQUES.

ont donnée les poètes, qui semblent n’avoir placé les muses dans les lieux écartés et le silence des bois, que pour nous faire sentir que ces divinités tranquilles se plaisent rarement dans le bruit et le tumulte de la capitale d’un grand empire.

Ces grands hommes dont on veut nous empêcher de suivre les traces ont-ils d’autres yeux que nous [1] ? ont-ils d’autres terres à considérer [2] ? sont-ils dans des contrées plus heureuses [3] ? ont-ils une lumière particulière pour les éclairer [4] ? la mer auroit-elle moins d’abîmes pour eux [5] ? la nature enfin est-elle leur mère ou notre marâtre pour se dérober plutôt à nos recherches qu’aux leurs ? Nous avons été souvent lassés par les difficultés [6] ; mais ce sont les difficultés mêmes qui doivent nous encourager. Nous devons être animés par l’exemple du protecteur qui préside ici[7] ; nous en aurons bientôt un plus grand à suivre ; notre jeune monarque[8] favorise les muses, et elles auront soin de sa gloire.

  1. Centum luminibus cinctum caput.

    Ovid.. Metam., lib. I. v. 626.
  2. … Terras alio sub sole jacentes.
    Vurg., Georg., lib. II, v. 512.

  3. ….. Locos lætos, et amœna vireta
    Fortunatorum nemorum, sedesque beatas.
    Virg, Æneid., lib. VI, v. 637-639.

  4. ….. Solemque suum, sua sidera, norunt.
    Ibid, 641.

  5. Num mare pacatum, num ventus amicior esset ?
    Ovid., Metam., XIII, v. 449.

  6. Sæpe fugam Danai Troja cupiere relicta
    Moliri.
    Virg.. Æneid, lib. II, v. 108-109.

  7. Le duc de La Force.
  8. Louis XV.