Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée
245
LETTRES FAMILIÈRES.



LETTRE XXIV.


À MARTIN FFOLKES[1].


Votre lettre m’apprend, Monsieur, que vous êtes arrivé en bonne santé ; je vous prie de la conserver pour vous et pour moi ; elle m’est infiniment chère et le séjour que vous avez fait en ce pays-ci n’a fait qu’augmenter l’amitié que je vous avois vouée, et que je vous prie de me conserver jusques à la mort. Faites bien mes compliments bien tendres à MM. les ducs de Richmond et de Montagne ; on ne sait si on doit les respecter ou les aimer davantage.

Nous venons de perdre le pauvre Dufay ; je commençois à le connoître, et je suis sûr que nous aurions été amis. Ce garçon-là avoit de très-bonnes qualités, et savoit un grand nombre de toutes sortes de choses.

M. le cardinal de Polignac et Mme de Ranezin[2] m’ont parlé mille fois de vous. Celle-ci vouloit écrire à Calais au commandeur de Canilly de vous en faire les honneurs ; elle apprit que vous étiez parti et que vous aviez pris une autre route. M. le cardinal de Polignac me demande toujours de vos nouvelles, et si vous ne reviendrez point en France, et qu’il voudroit être de vos amis.

Adieu, Monsieur ; conservez-moi toujours cette amitié que j’adore. J’ai l’honneur de vous embrasser mille fois.


Montesquieu.


À Paris, ce 13 de juillet 1739.
  1. Tiré des Archives de Sir William Ffolkes.
  2. Peut-être faut-il lire Lanezin ou Lanezan.