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LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE XXI[1].


A MARTIN FFOLKES[2].

J’ai, Monsieur, reçu votre lettre du premier de juillet. Quand j’entends parler de vous, quand j’en parle, quand je reçois de vos lettres, il me semble que mon cœur est toujours également flatté. J’avois espéré que Mylord Waldegrave vous amèneroit ici ; et je comptois, malgré la vie tumultueuse que l’on mène ici, ne songer qu’au plaisir d’être avec vous. Je vois que vos affaires nous ont dérobé ce plaisir. J’espère de venir vous rendre visite l’année prochaine ; je compte y mener mon fils qui s’applique aux sciences, et qui y fait même quelque progrès. Je crois pouvoir vous dire cela, car, quand on parle à son ami, on parle à soi-même. J’aurai un grand plaisir d’avoir l’honneur de vous le présenter, et de vous demander vos avis sur la route qu’il a prise. Je vous supplie, en envoyant le Ridley de vouloir bien y mettre le prix ; cette petite exactitude est nécessaire entre nous, sans quoi je serois gêné pour de pareilles commissions que votre amitié me permet de prendre la liberté de vous donner. Je remettrai cette petite somme à M. Turner, ou à autre q li partira pour l’Angleterre. A l’égard des observations de Naples, je vous avoue que je n’ai pas eu, depuis le retour de mes voyages, le temps de jeter les yeux sur ce que j’ai fait, et cela même

  1. Tiré des Archives de Sir William Ffolkes
  2. Martin Ffolkes (1690-1754), mathématicien et antiquaire, président de la Société Royale de Londres, après la mort de Sir Hans Sloane, qui avait succédé à Newton.