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LETTRES FAMILIÈRES.

nous fûmes pourtant un peu ingrats ; car, pendant que nous fûmes dans un petit chemin, quoique entre deux ruisseaux, nous ne formâmes pas une seule pensée galante ; mais nous avons bien réparé cela depuis le retour. Madame de Bouran vient d’envoyer chez moi pour savoir où a couché M. votre mari. A tout cela. Madame, je réponds que vous et madame Dangeart, arrangez et dérangez tout ce que vous voulez. Je suis, Madame, beaucoup plus qu’hier au soir, etc.

Bordeaux, 7 août 1725.


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LETTRE V[1].


A N**[2].


Je ne sais si je vous aurai assez dit hier combien je vous aime, combien je me donne, et combien je me sens à vous, toutes les fois que je vous vois. Toutes les fois que vous m’écrivez, il me semble que je vous aime davantage.

Je vous remercie de ce que vous voulez bien travailler à me procurer les moyens de vous voir plus aisément, comme je vous remercie de mon bonheur,

  1. Publiée par M. Vian, Hist. de Montesquieu, p. 76.
  2. M. Vian suppose flue ce billet et les deux savants sont adressés à Mlle de Clermont, pour qui Montesquieu écrivit le Temple de Gnide. Ces billets, dont nous n’avons que les brouillons, auraient donc été écrits vers 1725. Mais avons-nous le droit de mettre une adresse à ces billets anonymes ? Nous ne savons ni à qui ils sont écrits, ni même s’ils sont écrits à une personne vivante, et, malgré les bruits du temps, nous ne pouvons pas affirmer que le président de Montesquieu ait jamais eu le droit d’écrire sur ce ton à une princesse du sang.