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LETTRES FAMILIÈRES.

vous en aviez quatre. Vous voyez que vous avez là de quoi vous conduire jusque Bordeaux.

Je suis, monsieur mon très-cher ami, de toute mon âme, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Secondat de Montesquieu.


Comme je ne sais point l’adresse de M. de Navarre[1], permettez que je lui écrive ici. Je vous prie de vouloir lui laisser lire ces mots[2] :

Les marques de votre souvenir me sont bien chères, monsieur. Monsieur votre père que j’eus l’honneur devoir quelques jours après votre départ, me dit que votre voyage ne seroit pas long ; et je vois à présent que les plaisirs vous ont retenu. Vous n’en[3] sauriez goûter de plus solide que celui de voir souvent notre abbé. Car pour les Chloris[4] dont vous étiez autrefois si enchanté, je les donnerois toutes au diable, car si elles sont saines de corps, ce qui est très-rare, elles ne sont point saines d’esprit.

Je suis, monsieur, de toute mon âme, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Secondat de Montesquieu[5].


[4 avril 1716.]

_______
  1. M. de Navarre, conseiller au parlement de Bordeaux, un des ancêtres de M. de Ravignan, dans la ligne maternelle.
  2. L’original porte les mots ou ces mots.
  3. L’original porte : Vous ne sauriez, etc.
  4. Écrit Cloris dans l’original.
  5. La date de la lettre est fixée par la mention de la réception à l’Académie et du discours à prononcer le 1er mai 1716. La lettre est donc du 4 avril 1716.