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PENSÉES DIVERSES.

ment se fait à tous les airs, et ils deviennent moins susceptibles de dérangement ; 5o ils connaissent mieux le péril ; 6o ceux dont la réputation est venue jusqu’à nous étoient habiles ; ils ont donc été conduits par des gens habiles, c’est-à-dire eux-mêmes.

Sur les nouvelles découvertes, nous avons été bien loin pour des hommes.

Je disois sur les amis tyranniques et avantageux : « L’amour a des dédommagements que l’amitié n’a pas. »

À quoi bon faire des livres pour cette petite terre, qui n’est guère plus grande qu’un point ?

Contades, bas courtisan, même à la mort, n’écrivit-il pas au cardinal de Richelieu qu’il étoit content de mourir pour ne pas voir la fin d’un ministre comme lui ? Il étoit courtisan par la force de la nature, et il croyoit en réchapper.

M…, parlant des beaux génies perdus dans le nombre des hommes, disoit : « Comme des marchands, ils sont morts sans déplier. »

Deux beautés communes se défont ; deux grandes beautés se font valoir.

Presque toutes les vertus sont un rapport particulier d’un certain homme à un autre : par exemple, l’amitié, l’amour de la patrie, la pitié, sont des rapports particuliers ; mais la justice est un rapport général. Or, toutes les vertus qui détruisent ce rapport ne sont point des vertus[1].

La plupart des princes et des ministres ont bonne volonté ; ils ne savent comment s’y prendre.

Le succès de la plupart des choses dépend de savoir combien il faut de temps pour réussir.

  1. Voyez le traité des Devoirs, sup. p. 68.