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PENSÉES DIVERSES.

Les Français sont agréables ; ils se communiquent, sont variés, se livrent dans leurs discours, se promènent, marchent, courent, et vont toujours jusqu’à ce qu’ils soient tombés.

Les Anglais sont des génies singuliers ; ils n’imiteront pas même les anciens qu’ils admirent : leurs pièces ressemblent bien moins à des productions régulières de la nature, qu’à ces jeux dans lesquels elle a suivi des hasards heureux.

A Paris on est étourdi par le monde ; on ne connaît que les manières, et on n’a pas le temps de connaître les vices et les vertus.

Si l’on me demande quels préjugés ont les Anglais, en vérité je ne saurais dire lequel, ni la guerre, ni la naissance, ni les dignités, ni les hommes à bonnes fortunes, ni le délire de la faveur des ministres : ils veulent que les hommes soient hommes ; ils n’estiment que deux choses : les richesses et le mérite.

J’appelle génie d’une nation les mœurs et le caractère d’esprit des différents peuples dirigés par l’influence d’une même cour et d’une même capitale. Un Anglais, un Français, un Italien, trois esprits.


VARIÉTÉS.


Je ne puis comprendre comment les princes croient si aisément qu’ils sont tout, et comment les peuples sont si prêts à croire qu’ils ne sont rien.

Aimer à lire, c’est faire un échange des heures d’ennui que l’on doit avoir en sa vie, contre des heures délicieuses.

Malheureuse condition des hommes ! à peine l’esprit