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ÉLOGE

Les choses qui se dirent dans le monde à l’occasion de sa prise n’ont pu avoir été imaginées que par des gens qui avoient la plus haute opinion de sa fermeté et de son courage. Il continua de servir en Flandre sous M. de Luxembourg, et ensuite sous M. le maréchal de Villeroi.

En 1696 il fut envoyé secrètement en Angleterre pour conférer avec des seigneurs anglois qui avoient résolu de rétablir le roi. Il avoit une assez mauvaise commission, qui étoit de déterminer ces seigneurs à agir contre le bon sens.

Il ne réussit pas : il hâta son retour, parce qu’il apprit qu’il y avoit une conjuration formée contre la personne du roi Guillaume, et il ne vouloit point être mêlé dans cette entreprise. Je me souviens de lui avoir ouï dire qu’un homme l’avoit reconnu sur un certain air de famille, et surtout par la longueur de ses doigts ; que par bonheur cet homme étoit jacobite, et lui avoit dit : « Dieu vous bénisse dans toutes vos entreprises ! » ce qui l’avoit remis de son embarras.

Le duc de Berwick perdit sa première femme au mois de juin 1698. Il l’avoit épousée en 1695. Elle étoit fille du comte de Glanricarde. Il en eut un fils qui naquit le 21 d’octobre 1696.

En 1699, il fit un voyage en Italie, et à son retour il épousa mademoiselle de Bulkeley, fille de madame de Bulkeley, dame d’honneur de la reine d’Angleterre, et de M. de Bulkeley, frère de milord Bulkeley.

Après la mort de Charles II, roi d’Espagne, le roi Jacques envoya à Rome le duc de Berwick pour complimenter le pape sur son élection, et lui offrir sa personne pour commander l’armée que la France le pressoit de lever pour maintenir la neutralité en Italie ; et la cour de Saint-Germain offroit d’envoyer des troupes irlandoises. Le pape jugea la