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ÉLOGE DE BERWICK.

officiers françois qu’on y envoya pensèrent comme ceux qui les y envoyoient : ils n’eurent que trois choses dans la tête, d’arriver, de se battre et de s’en retourner. Le temps a fait voir que les Anglois avoient mieux pensé que nous.

Le duc de Berwick se distingua dans quelques occasions particulières, et fut fait lieutenant-général.

Milord Tirconel, ayant passé en France en 1690, laissa le commandement général du royaume au duc de Berwick. Il n’avoit que vingt ans, et sa conduite fit voir qu’il étoit l’homme de son siècle à qui le ciel avoit accordé de meilleure heure la prudence. La perte de la bataille de la Boyne avoit abattu les forces irlandaises ; le roi Guillaume avoit levé le siège de Limerick, et étoit retourné en Angleterre ; mais on n’en étoit guère mieux. Milord Churchill[1] débarqua tout à coup en Irlande avec huit mille hommes. Il falloit en même temps rendre ses progrès moins rapides, rétablir l’armée, dissiper les factions, réunir les esprits des Irlandois : le duc de Berwick fit tout cela.

En 1691, le duc de Tirconel étant revenu en Irlande, le duc de Berwick repassa en France, et suivit Louis XIV, comme volontaire, au siège de Mons. Il fit dans la même qualité la campagne de 1692, sous le maréchal de Luxembourg, et se trouva à la bataille de Steinkerque. Il fut fait lieutenant-général en France l’année suivante, et il acquit beaucoup d’honneur à la bataille de Nerwinde, où il fut pris.

    17 mars 1689, et l’on fit une malheureuse guerre où la valeur ne manqua jamais et la prudence toujours ; où en deçà la mer et delà la mer on fit des fautes continuelles, ou faute de secours on perdit des occasions, où par témérité on perdit ses avantages, où la ténacité perdit tout, où la politique fut toujours mal entendue, où l’on ne vit dans la guerre que le difficulté de la faire, sans en sentir jamais les avantages (l’utilité,) et où enfin l’Irlande fut (se trouva) assommée plus que vaincue.

  1. Depuis duc de Marlborough.