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ACADÉMIQUES.

aller à la postérité, mais qui ont voulu y aller avec vous.

Bien des orateurs et les poètes les ont célébrés : mais il n’y a que vous qui ayez été établis pour leur rendre, pour ainsi dire, un culte réglé.

Pleins de zèle et d’admiration pour ces grands hommes, vous les rappelez sans cesse à notre mémoire. Effet surprenant de l’art ? vos chants sont continuels, et ils nous paroissent toujours nouveaux.

Vous nous étonnez toujours quand vous célébrez ce grand ministre[1] qui tira du chaos les règles de la monarchie ; qui apprit à la France le secret de ses forces, à l’Espagne celui de sa foiblesse, ôta à l’Allemagne ses chaînes, lui en donna de nouvelles, brisa tour à tour toutes les puissances, et destina, pour ainsi dire, Louis-le-Grand aux grandes choses qu’il fit depuis.

Vous ne vous ressemblez jamais dans les éloges que vous faites de ce chancelier[2] qui n’abusa ni de la confiance des rois, ni de la confiance des peuples, et qui, dans l’exercice de la magistrature, fut sans passion, comme les lois qui absolvent et qui punissent sans aimer ni haïr.

Mais l’on aime surtout à vous voir travaillera l’envi au portrait de Louis-le-Grand, ce portrait toujours commencé et jamais fini, tous les jours plus avancé et tous les jours plus difficile.

Nous concevons à peine le règne merveilleux que vous chantez. Quand vous nous faites voir les sciences partout encouragées, les arts protégés, les belles-lettres cultivées, nous croyons vous entendre parler d’un règne paisible et tranquille. Quand vous chantez les guerres et les victoires,

  1. Richelieu. (M.)
  2. Séguier. (M.)