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DISCOURS
DE RÉCEPTION

A L’ACADÉMIE FRANÇAISE

PRONONCÉ LE 24 JANVIER 1728.


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Messieurs,

En m’accordant la place de M. de Sacy, vous avez moins appris au public ce que je suis que ce que je dois être.

Vous n’avez pas voulu me comparer à lui, mais me le donner pour modèle[1].

Fait pour la société, il étoit aimable, il y étoit utile : il mettoit la douceur dans les manières, et la sévérité dans les mœurs.

  1. Mathieu Marais, nous a laissé un portrait de M. de Sacy, qui pour être moins académique n’en est peut être que plus vrai. Il écrit au président Bouhier, le 2 novembre 1727. « Vous allez être occupé à une élection à l’Académie, M. de Sacy est mort ; sa traduction de Pline (le jeune) est excellente ; mais ce qu’il a produit de son fonds n’est pas si bon, et son traité de l’Amitié fut terriblement critiqué dans le Journal des Savants, lorsqu’il parût ; et on m’a dit qu’il s’en est vengé dans un discours sur la mort du président Cousin, auteur du journal. M. Despréaux ne pouvoit souffrir cette amitié toute païenne, et où il n’y a pas un mot de christianisme. A l’égard de ses Mémoires et factums, il s’en faut bien que tout soit égal ; le médiocre est bien proche du bon, et la précision n’étoit pas son amie. » Marais, Mémoires, t. III, p. 494.