Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée
62
DE L’ESPRIT DES LOIS.


fixe. On lui ôtoit ; il regagnoit ; mais la couronne perdoit toujours.

Vers la fin du règne de Charles le Chauve, et depuis ce règne, il ne fut plus guère question des démêlés du clergé et des laïques sur la restitution des biens de l’Église. Les évêques jetèrent bien encore quelques soupirs dans leurs remontrances à Charles le Chauve, que l’on trouve dans le capitulaire de l’an 856, et dans la lettre [1] qu’ils écrivirent à Louis le Germanique l’an 858 ; mais ils proposoient des choses, et ils réclamoient des promesses tant de fois éludées, que l’on voit qu’ils n’avoient aucune espérance de les obtenir.

Il ne fut plus question [2] que de réparer en général les torts faits dans l’Église et dans l’État [3]. Les rois s’engageoient de ne point ôter aux leudes leurs hommes libres, et de ne plus donner les biens ecclésiastiques par des préceptions [4]; de sorte que le clergé et la noblesse parureut s’unir d’intérêts.

Les étranges ravages des Normands, comme j’ai dit [5], contribuèrent beaucoup à mettre fin à ces querelles.

Les rois, tous les jours moins accrédités, et par les causes que j’ai dites, et par celles que je dirai, crurent n’avoir d’autre parti à prendre que de se mettre entre les mains des ecclésiastiques. Mais le clergé avoit aflbibli les rois, et les rois a voient aflbibli le clergé.

En vain Charles le Chauve et ses successeurs appe-

  1. Art. 8. (M.)
  2. A. B. Il ne fut guère plus question, etc.
  3. Voyez le capitulaire de l’an 851, art. 6 et 7. (M.)
  4. Charles le Chauve, dans le synode de Soissons, dit qu’il avoit promis aux évêques de ne plus donner de préceptions des biens de l’Église. Capitulaire de l'an 853, art. 11, édit. de Baluze, tome II, p. 56. (M.)
  5. Sup. ch. X.