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DE L’ESPRIT DES LOIS.


ni aucunes qui approchent du sens qu’elles renferment, ne sont point dans mon édition.

Après cette analyse infidèle, le poète n’a-t-il pas bonne grâce d’assurer que

Ce n’est point un esprit critique
Qui lui sert ici d’Apollon.

Et que dirons-nous de ce jugement d’un ouvrage où il y a a plus de choses que de mots ?


Voilà toute la politique
De notre moderne Solon.


Qu’un pâle janséniste, qu’un jésuite zélé, parle avec mépris de l'Esprit des Lois, je ne m’en étonne pas ; c’est une chose depuis longtemps décidée parmi eux, que,


Nul n’aura de l’esprit hors eux et leurs amis.


Mais je suis surpris que notre poëte traite si cavalièrement un homme dont la plume n’a jusqu’ici enfanté que des chefs-d’œuvre, soit que sa muse légère ait pris un masque pour répandre avec plus de liberté le sel de la raillerie sur nos usages et nos mœurs ; soit qu’armée de la lyre elle ait soupiré les amours, chanté les tendres plaisirs, exprimé les sentiments, décrit le temple de la Volupté ; soit que s’ élevant aux plus sublimes spéculations de la politique, elle ait développé les causes de la grandeur et de la décadence de l’empire romain, et prononcé des oracles sur la destinée des peuples et des rois.

Les auteurs de la Bibliothèque raisonnèe ont été plus équitables. Ils ont dispensé les louanges les plus flatteuses à M. de M... et mis son autorité au-dessus de celle de