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SUITE DE LA DÉFENSE


des idées qui se rapportaient à l’établissement du christianisme, ou sur des idées prises de sa perfection ». Mais cette conjecture n’en est pas moins propre à scandaliser les oreilles pieuses ; qui en doute ?

« Pour étendre une religion nouvelle, il fallut ôter l’extrême dépendance des enfants, qui tiennent toujours moins à ce qui est établi. »

Les critiques veulent-ils nier que Constantin mit en œuvre des moyens purement humains pour établir le christianisme ? L’histoire dépose contre eux. Veulent-ils nier que cet empereur affaiblit l’autorité paternelle, et tira les enfants de l’extrême dépendance où les mettoient les lois romaines ? L’histoire dépose contre eux. Veulent-ils nier que ce ne soit un très-bon moyen pour faire recevoir une religion ? L’histoire dépose encore contre eux ; et la politique se sert encore aujourd’hui avec succès de cet artifice. Veulent-ils nier que le christianisme fut une religion nouvelle ? Il est vraisemblable que leur censure n’a eu d’autre objet, car ils ont mis en italique ces mots : nouvelle religion ; on voit qu’ils en ont été choqués. Quoi ! la religion chrétienne n’étoit pas nouvelle alors ? Ne l’étoit-elle pas pour la moitié de l’empire, qui ne l’avoit pas reçue ? Ne l’est-elle pas encore aujourd’hui pour la moitié du monde, qui n’en a pas entendu parler ? La religion et la vérité sont éternelles ; mais toute religion et toute vérité ont une nouveauté relative.

Du reste, il est très-possible que, persuadés que la conversion de l’empire sous Constantin est un effet de la grâce efficace, les critiques aient été blessés qu’on l’attribuât à la politique.

« Nous avons reproché à l’auteur d’avoir dit que « le célibat est un conseil du christianisme ».