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DE L’ESPRIT DES LOIS.


de Dieu à l’égard des volontés libres de ses créatures. Il va plus loin, il met cette impiété sur le compte des Livres saints. « Les Livres des Juifs, dit-il, s’élèvent sans cesse contre le dogme de la prescience absolue. Dieu paroît partout ignorer les déterminations futures des esprits, et il semble que ce soit la première vérité que Moïse ait enseignée aux hommes. » L’auteur ajoute que si Dieu, en défendant à Adam de manger d’un certain fruit, avoit connu qu’il eût dû en manger, le précepte seroit absurde. C’est dans la Lettre LXIX que l’auteur vomit ces blasphèmes. Y a-t-il plus d’impiété à nier l’existence de Dieu, qu’à nier sa prescience absolue ? Saint Augustin n’y met aucune différence. Un Dieu qui ne connoît pas tout, est-il un Dieu ? Qui non est prœscius omnium futurorum, non est utique Deus (lib. de Civitate Dei, cap. IX).



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