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RÉPONSE A LA DÉFENSE


y être excité par les peines ou par les récompenses ; que la seule idée que nous avons de Dieu, nous dicte clairement qu’il est notre souverain bien, et que sa connoissance et son amour est la fin dernière, et le but où doivent viser toutes nos actions (Tractatus Theologico politicus, cap. XIV). Un auteur, pourra-t-on dire, qui parle si dignement de Dieu et de l’amour qui lui est dû, est-il spinosiste ? Non seulement c’est un spinosiste, mais c’est Spinosa lui-même. Oui, dans ce même livre où Spinosa parle de Dieu si dignement, Spinosa pose tous les fondements de son athéisme. Ce n’est donc pas assez de dire : a J’ai parlé contre la fatalité des athées ; » il falloit de plus ne rien dire dont les athées pussent s’autoriser. Nous avons reproché à notre jurisconsulte d’avoir défini les lois, les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses. Nous lui avons reproché d’avoir ajouté que dans ce sens tous les êtres ont leurs lois ; que la Divinité a ses lois ; que le monde matériel a ses lois ; que les intelligences ont leurs lois, etc. Sur quoi l’auteur cite un païen qui a dit que la loi, — c’est-à-dire le destin, — est la reine de tous mortels et immortels. Nous avons reproché à l’auteur d’avoir dit « que la création, qui paroît être un acte arbitraire, suppose des règles aussi invariables que la fatalité des athées. De ces trois articles, l’auteur ne répond rien aux deux premiers ; il ne veut par nous dire pourquoi, après avoir médité vingt ans pour découvrir l'Esprit des Lois, il a changé la définition des lois. Ce changement, avons-nous dit, n’est pas sans dessein. A cela point de réponse. Nous avons demandé pourquoi, voulant prouver que la Divinité a ses lois, — mais lois qu’elle s’est faites, — l’auteur va chercher l’autorité de Plutarque, qui croyoit que les dieux étoient soumis au destin. D’où vient cette préférence d’un auteur qui admet