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CHAPITRE XVI.


DES VUES DU LÉGISLATEUR SUR LA PROPAGATION
DE L’ESPÈCE.


Les règlements sur le nombre des citoyens dépendent beaucoup des circonstances. Il y a des pays où la nature a tout fait ; le législateur n’y a donc rien à faire. A quoi bon engager, par des lois, à la propagation, lorsque la fécondité du climat donne assez de peuple ? Quelquefois le climat est plus favorable que le terrain ; le peuple s’y multiplie, et les famines le détruisent : c’est le cas où se trouve la Chine. Aussi un père y vend-il ses filles, et expose-t-il ses enfants. Les mêmes causes opèrent au Tonquin [1] les mêmes effets ; et il ne faut pas, comme les voyageurs arabes, dont Renaudot nous a donné la relation, aller chercher l’opinion [2] de la métempsycose pour cela.

Les mêmes raisons font que dans l’île Formose [3], la religion ne permet pas aux femmes de mettre des enfants au monde qu’elles n’aient trente-cinq ans : avant cet âge, la prêtresse leur foule le ventre, et les fait avorter.

  1. Voyages de Dampierre, t. II, p. 41. (M.)
  2. Page 167. (M).
  3. Voyez le Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, t. V, part. I, p. 182 et 188. (M.) L'assertion est difficile à croire pour qui n'y met pas autant de bonne volonté que l'auteur de l'Esprit des Lois.
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