officiers de l’empereur, pour se défendre eux-mêmes
contre les Barbares, et se gouverner par leurs propres lois ; les autres obéissoient aux officiers romains. Or, M. l’abbé Dubos prouve-t-il que les Romains, qui étoient encore soumis à l’empire, aient appelé Clovis ? point du tout. Prouve-t-il que la république des Armoriques ait appelé Clovis, et fait meme quelque traité avec lui ? point du tout encore. Bien loin qu’il puisse nous dire quelle fut
la destinée de cette république, il n’en saurait pas même montrer l’existence ; et, quoiqu’il la suive depuis le temps d’Honorius jusqu’à la conquête de Clovis, quoiqu’il y rapporte avec un art admirable tous les événements de ces temps-là, elle est restée invisible dans les auteurs. Car il y a bien de la différence entre prouver, par un passage de
Zozime
[1],
que, sous l’empire d’Honorius, la contrée armorique
et les autres provinces des Gaules se révoltèrent, et
formèrent une espèce de république
[2] ; et faire voir que, malgré les diverses pacifications des Gaules, les Armoriques
formèrent toujours une république particulière, qui
subsista jusqu’à la conquête de Clovis. Cependant il
auroit besoin, pour établir son système, de preuves bien fortes et bien précises. Car, quand on voit un conquérant entrer dans un État, et en soumettre une grande partie par la force et par la violence, et qu’on voit quelque temps après l’État entier soumis, sans que l’histoire dise comment il l’a été, on a un très-juste sujet de croire que l’affaire a fini comme elle a commencé.
Ce point une fois manqué, il est aisé de voir que tout le système de M. l’abbé Dubos croule de fond en comble ;