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LIVRE XXVIII, CHAP. VII.


qui monta sur le trône en 672, que les naturels du pays avoient pris le [1] dessus : ainsi la loi romaine y avoit plus d’autorité, et la loi gothe y en avoit moins. Les lois espagnoles ne convenoient ni à leurs manières, ni à leur situation actuelle : peut-être même que le peuple s’obstina à la loi romaine, parce qu’il y attacha l’idée de sa liberté. II y a plus : les lois de Chaindasuinde et de Recessuinde contenoient des dispositions effroyables contre les Juifs ; mais ces Juifs étoient puissants dans la Gaule méridionale. L’auteur de l’histoire du roi Vamba appelle ces provinces le prostibule des Juifs. Lorsque les Sarrasins vinrent dans ces provinces, ils y avoient été appelés : or qui put les y avoir appelés, que les Juifs ou les Romains ? Les Goths furent les premiers opprimés, parce qu’ils étoient la nation dominante. On voit dans Procope [2] que, dans leurs calamités, ils se retiroient de la Gaule Narbonnoise en Espagne. Sans doute que, dans ce malheur-ci, ils se réfugièrent dans les contrées de l’Espagne qui se défendoient encore ; et le nombre de ceux qui, dans la Gaule méridionale, vivoient sous la loi des Wisigoths, en fut beaucoup diminué.

    Ostrogoths, prince le plus accrédité de son temps, eut pour elles ; liv. IV, lett. 19 et 26. (M.)

  1. La révolte de ces provinces fut une défection générale, comme il paroît par le jugement qui est à la suite de l'Histoire. Paulus et ses adhérents étoient Romains ; ils furent même favorises par les évêques. Vamba n'osa pas faire mourir les séditieux qu'il avoit vaincus. L’auteur de l’Histoire appelle la Gaule Narbonnoise la nourrice de la perfidie. (M.)
  2. Gothi qui cladi superfuerant, ex Gallia cum uxoribus liberisque egressi, in Hispaniam ad Teudim jam palam tyrannum se receperunt. De bello Gothorum, liv. I, chap. XIII. (M.)
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