Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t5.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE XXVI.


CONTINUATION DU MÊME SUJET.


M. Chardin [1] dit qu’il n’y a point de fleuve navigable en Perse, si ce n’est le fleuve Kur [2], qui est aux extrémités de l’empire. L’ancienne loi des Guèbres, qui défendoit de naviguer sur les fleuves, n’avoit donc aucun inconvénient dans leur pays ; mais elle auroit ruiné le commerce dans un autre.

Les continuelles lotions sont très en usage dans les climats chauds. Cela fait que la loi mahométane et la religion indienne les ordonnent. C’est un acte très-méritoire aux Indes de prier [3] Dieu dans l’eau courante : mais comment exécuter ces choses dans d’autres climats ?

Lorsque la religion, fondée sur le climat, a trop choqué le climat d’un autre pays, elle n’a pu s’y établir ; et quand on l’y a introduite, elle en a été chassée. Il semble, humainement parlant, que ce soit le climat qui a prescrit des bornes à la religion chrétienne et à la religion mahométane [4].

  1. Voyage de Perse, tome II. (M.)
  2. L’ancien Cyrus, affluent la mer Caspienne.
  3. Voyage de Bernier, tome II. (M.)
  4. Faut-il rappeler à M. de Montesquieu que le christianisme est né en Asie ; qu’il a été pendant plusieurs siècles florissant et régnant dans l'Asie et dans l’Afrique ; qu’il n’a cédé qu’à la violence et à la brutalité des armes mahométanes, et qu’actuellement encore, depuis l'Euphrate jusqu’à