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CHAPITRE V.


DE L'OBJET DES ÉTATS DIVERS.


Quoique tous les États aient en général un même objet, qui est de se maintenir, chaque État en a pourtant un qui lui est particulier. L’agrandissement étoit l’objet de Rome ; la guerre, celui de Lacédémone ; la religion, celui des lois judaïques ; le commerce, celui de Marseille ; la tranquillité publique, celui des lois de la Chine [1] ; la navigation, celui des lois des Rhodiens ; la liberté naturelle, l’objet de la police des sauvages ; en général, les délices du prince, celui des États despotiques ; sa gloire et celle de l’État, celui des monarchies [2] ; l'indépendance de chaque particulier est l’objet des lois de Pologne ; et ce qui en résulte, l’oppression de tous [3].

Il y a aussi une nation dans le monde qui a pour objet direct de sa constitution la liberté politique. Nous allons examiner les principes sur lesquels elle la fonde. S’ils sont bons, la liberté y paroîtra comme dans un miroir.

Pour découvrir la liberté politique dans la constitution, il ne faut pas tant de peine. Si on peut la voir où elle est, si on l’a trouvée, pourquoi la chercher ?

  1. Objet naturel d’un État qui n'a point d’ennemis au dehors, ou qui croit les avoir arrêtés par des barrières. (M.)
  2. Inf., XI, VII.
  3. Inconvénient du Liberum veto. (M.)