est assurément très-imparfait, car l’auteur s’est proposé un objet tout différent. Quand Montesquieu parle des lois fondamentales de la monarchie, des rangs intermédiaires, du dépôt des lois
[1], c’est-à-dire de la royauté française, des trois ordres et du parlement, Élie Luzac cherche à tâtons comment on pourrait ramener à un principe universel ces observations, qui, en elles-mêmes, sont plus claires que le jour. C’est bien
autre chose quand il en arrive au chapitre de l'Éducation dans les monarchies
[2], et à la définition de l’honneur. Ces
pages ingénieuses qui nous donnent le secret de la grandeur et de la bassesse des nobles français, sont de l’hébreu pour l’éditeur hollandais.
« Ce passage, dit-il ironiquement, doit être bien beau pour ceux qui l’entendent
[3], et cependant il
n’est point de français qui ne comprenne aisément et qui n’admire tout ce qu’il y a de justesse dans les réflexions de Montesquieu.
Néanmoins le commentaire d’Élie Luzac n’est pas sans mérite, c’est l’œuvre d’un homme instruit, d’un critique de bonne foi ; nous en avons tiré plus d’une observation. Tout ce qu’il dit sur la Hollande est digne d’attention. Du reste il s’est à peine occupé des derniers livres qui touchent à l’histoire du droit romain et du droit français ; et de ce côté son commentaire est incomplet.
En 1767, Richer, avocat au Parlement, celui-là même qui en 1758 avait été choisi par la famille de Montesquieu pour donner une édition définitive des Œuvres complètes, avec les corrections et additions de l’auteur, Richer, dis-je, publia une nouvelle édition de l'Esprit des lois en 4 volumes in-12, et la fit précéder d’un avertissement dans lequel il répondait assez aigrement à Crévier et à l’anonyme. Cet avertissement, qui a été reproduit dans plusieurs éditions, a peu d’intérêt