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XLIX
A L’ESPRIT DES LOIS.

On fit plusieurs traductions de l’Esprit des lois [1]. En 1750, Montesquieu parle d’une traduction qu’on faisait à Naples [2] ; en 1750, il remercie l'abbé de Guasco qui, dès l’année 1747, avait entrepris une œuvre semblable. « Je suis fort aise, lui écrit-il, que S. A. R. Monseigneur le duc de Savoie agrée la dédicace de votre traduction italienne, et très-flatté que mon ouvrage paroisse en Italie sous de si grands auspices. J’ai achevé de lire cette traduction, et j’ai trouvé partout mes pensées rendues aussi clairement que fidèlement. Votre épître dédicatoire est aussi très-bien [3]. » Malheureusement, cette traduction n’a pas été imprimée ; il faut le regretter, car elle nous aurait conservé un chapitre qui n’est pas dans l’édition française. Au mois de juillet 1747, Montesquieu écrit à son ami qu’il a retranché de son livre un chapitre sur le Stathoudérat, qui aurait peut-être été mal reçu en France au moment où l’Angleterre, en guerre avec nous, venait de faire nommer le prince d’Orange. « Cela n’empêchera pas, écrit Montesquieu, que je ne vous donne dans la suite ce chapitre pour la traduction italienne que vous avez entreprise. » Guasco a eu entre les mains ces pages retranchées ; il nous dit que l’auteur faisait voir la nécessité d’un stathoudérat comme partie intégrante de la constitution de la République. Ne serait-ce pas une bonne fortune que de retrouver cette opinion de Montesquieu ?

En Italie, on ne se contenta pas de lire l'Esprit des lois, on s’en inspira ; Beccaria et Filangieri sont les élèves de Montesquieu. Il est vrai que dans la Science de la législation, Filangieri combat plus d’une fois son maître ; il se plaint que l’auteur de l’Esprit des lois n’ait raisonné que sur les choses telles qu’elles sont, ou qu’elles ont été, sans examiner comment elles auraient dû être ; en deux mots, il veut unir la

  1. Il en est une qui a effacé toutes les autres, c'est celle qui a été publiée à Naples en 1777 avec les notes du savant Genovesi.
  2. Lettre au duc de Nivernois.
  3. Lettre à Guasco, du 9 décembre 1754.