CHAPITRE XIV.
Il ne partit[2] qu’après avoir assuré la Macédoine contre les peuples barbares qui en étoient voisins, et achevé d’accabler les Grecs ; il ne se servit de cet accablement que pour l’exécution de son entreprise ; il rendit impuissante la jalousie des Lacédémoniens ; il attaqua les provinces maritimes ; il fit suivre à son armée de terre les côtes de la mer, pour n’être point séparé de sa flotte ; il se servit admirablement bien de la discipline contre le nombre ; il ne manqua point de subsistances ; et s’il est vrai que la victoire lui donna tout, il fit aussi tout pour se procurer la victoire.
Dans le commencement de son entreprise[3], c’est-à-dire dans un temps où un échec pouvoit le renverser, il mit peu de chose au hasard ; quand la fortune le mit au-
- ↑ Montesquieu est un des premiers écrivains modernes qui, suivant l'expression de Servan, ait rétabli Alexandre dans ses droits à l'admiration de la postérité. Il a été suivi par Voltaire, et par Robertson dans son Histoire d’Amérique.
- ↑ A. B. Alexandre fit une grande conquête. Voyons comment il se conduisit.
On a assez parlé de sa valeur, parlons de sa prudence.
Les mesures qu'il prit furent justes. Il ne partit qu'après avoir achevé d'accabler les Grecs ; il ne se servit de cet accablement que pour l'exécution de son entreprise ; il ne laissa rien derrière lui contre lui ; il attaqua les provinces maritimes, etc.
- ↑ Ce paragraphe et les deux suivants manquent dans A. B.