CHAPITRE XV.
Je me trouve fort dans mes maximes, lorsque j’ai pour moi les Romains ; et je crois que les peines tiennent à la nature du gouvernement, lorsque je vois ce grand peuple changer à cet égard de lois civiles, à mesure qu’il changeoit de lois politiques.
Les lois royales, faites pour un peuple composé de fugitifs, d’esclaves et de brigands, furent très-sévères. L’esprit de la république auroit demandé que les décemvirs n’eussent pas mis ces lois dans leurs douze Tables ; mais des gens qui aspiroient à la tyrannie n’avoient garde de suivre l’esprit de la république.
Tite-Live [1] dit, sur le supplice de Métius Suffétius, dictateur d’Albe, qui fut condamné par Tullus Hostilius à être tiré par deux chariots, que ce fut le premier et le dernier supplice où l’on témoigna avoir perdu la mémoire de l’humanité. Il se trompe ; la loi des douze Tables est pleine de dispositions très-cruelles [2].
Celle qui découvre le mieux le dessein des décemvirs, est la peine capitale, prononcée contre les auteurs des