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LIVRE VI, CHAP. XII.


qu'ils feroient. Ils furent tous égorgés, excepté Adymante, qui s'étoit opposé à ce décret. Lysandre reprocha à Philoclès, avant de le faire mourir, qu'il avoit dépravé les esprits, et fait des leçons de cruauté à toute la Grèce.

« Les Argiens, dit Plutarque [1], ayant fait mourir quinze cents de leurs citoyens, les Athéniens firent apporter les sacrifices d'expiation [2], afin qu'il plût aux dieux de détourner du cœur des Athéniens une si cruelle pensée [3]. »

Il y a deux genres de corruption : l'un, lorsque le peuple n'observe point les lois ; l'autre, lorsqu'il est corrompu par les lois ; mal incurable, parce qu'il est dans le remède même.

  1. Œuvres morales. De ceux qui manient les affaires d'État, ch. XIV. (M.)
  2. Le texte dit plus clairement que les Athéniens firent porter la victime d'expiation autour de l'assemblée. On sait que dans les cérémonies d'expiation générale, on portoit la victime autour de rassemblée de ceux qu'on vouloit purifier. (CRÉVIER.)
  3. Cette dernière phrase est une addition d'Amyot. Il paroît plutôt que l'intention des Athéniens était de se purifier d'une souillure dont la tache rejaillissoit de dessus les Argiens sur tous les peuples de la Grèce. (CRÉVIER.)
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