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CHAPITRE IX.


DE LA SÉVÉRITÉ DES PEINES
DANS LES DIVERS GOUVERNEMENTS [1].


La sévérité des peines convient mieux au gouvernement despotique, dont le principe est la terreur, qu’à la monarchie et à la république, qui ont pour ressort l’honneur et la vertu.

Dans les États modérés, l’amour de la patrie, la honte et la crainte du blâme, sont des motifs réprimants, qui peuvent arrêter bien des crimes. La plus grande peine d’une mauvaise action sera d’en être convaincu. Les lois civiles y corrigeront donc plus aisément, et n’auront pas besoin de tant de force.

Dans ces États, un bon législateur s’attachera moins à punir les crimes qu à les prévenir ; il s’appliquera plus à donner des mœurs qu’à infliger des supplices.

C’est une remarque perpétuelle des auteurs chinois [2], que plus, dans leur empire, on voyoit augmenter les supplices, plus la révolution étoit prochaine. C’est qu’on augmentoit les supplices à mesure qu’on manquoit de mœurs.

  1. Lettres persanes, LXXX et CII.
  2. Je ferai voir dans la suite que la Chine, à cet égard, est dans le cas d’une république ou d'une monarchie. (M.) Inf., VIII, XXI, XIX, XVII-XXI.