Les jugements rendus par le prince seroient une source intarissable d'injustices et d'abus ; les courtisans extorqueroient, par leur importunité, ses jugements. Quelques empereurs romains eurent la fureur de juger ; nuls règnes n'étonnèrent plus l'univers par leurs injustices.
Claude, dit Tacite [1], ayant attiré à lui le jugement des affaires et les fonctions des magistrats, donna occasion à toutes sortes de rapines, « Aussi Néron, parvenant à l'empire après Claude, voulant se concilier les esprits, déclara-t-il : « Qu'il se garderoit bien d'être le juge de toutes les affaires, pour que les accusateurs et les accusés, dans les murs d'un palais, ne fussent pas exposés à l'inique pouvoir de quelques affranchis [2]. »
« Sous le règne d'Arcadius, dit Zozime [3], la nation des calomniateurs se répandit, entoura la cour et l'infecta. Lorsqu'un homme étoit mort, on supposoit qu'il n'avoit point laissé d'enfants [4] ; on donnoit ses biens par un rescrit. Car, comme le prince étoit étrangement stupide, et l'impératrice entreprenante à l'excès, elle servoit l'insatiable avarice de ses domestiques et de ses confidentes ; de sorte que, pour les gens modérés, il n'y avoit rien de plus désirable que la mort. »
« Il y avoit autrefois, dit Procope [5], fort peu de gens à la cour ; mais, sous Justinien, comme les juges n'avoient
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